Soumis par Anonyme (non vérifié) le mar 21/03/2017 - 15:24

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Quand le roman noir part en campagne 

Influencé par les auteurs américains, le polar français a gagné ses lettres de noblesse dans des intrigues le plus souvent cloisonnées dans des métropoles. Historiquement, le décor du « Noir », c’est la ville tentaculaire, avec ses périphéries, ses souterrains, ses immeubles démesurés, ses labyrinthes et toute la violence qui s’y rattache.

Or, aujourd’hui, un nombre croissant d’auteurs français de polars délaissent les villes pour courir la campagne et radiographier la crise frappant ces territoires.

Ce genre existe depuis longtemps aux États-Unis. Là-bas, il peut prendre le nom de "country noir". Il englobe aussi bien les romans de William Faulkner que ceux de Donald Ray Pollock et Ron Rash.

Ces romans racontent les délaissés de la crise, les fracassés de la désindustrialisation, toute cette France périurbaine mise en lumière par le géographe Christophe Guilluy.

Ces auteurs observent les marges et décrivent les humains aux prises avec la violence sociale, politique et environnementale. Nature et culture, conflits intérieurs et violence sociale, mais aussi attachement à un territoire, souvent rural, voici les ingrédients de ce genre appelé « rural noir ».

Le roman noir, le roman de la crise, explore ainsi de plus en plus les souffrances qu’éprouvent les non-citadins, car la donne a changé avec la progression du vote extrémiste en milieu rural, la hausse de la délinquance, la crise de la filière porcine ou laitière, le taux de suicide élevé chez les agriculteurs, la désertification des petites communes…